(Extraits de "Les petits chants") X celui qui m'aime éloigne mes doubles ouvre la nuit, mon corps, voir tes rêves mon soleil amour XI oh ces yeux que tu as ces yeux fulgurants XII corbeaux dans mon esprit au-dessus de son cher corps c'est le grand froid de la nuit le noir passion de nos seigneurs les désirs XVI elle parlera par miroirs elle parlera par obscurité par ombres par nul XVIII mots réflexes qui seuls se disent en des poèmes qui ne coulent pas j'échoue tout en moi se dit avec son ombre et chaque ombre avec son double XIX triste musicien entonne un air nouveau pour faire une chose nouvelle pour voir une chose nouvelle
Sous le titre de Textes d’Ombre sont réunis les derniers projets d’Alejandra Pizarnik, c’est-à-dire les derniers recueils ou ensembles de textes composés ou rassemblés par elle en vue d’une publication. Pour la plupart inédits en français, ces écrits ont été rédigés les deux derniers années de sa vie, entre 1970 et 1972. Point culminant d’une recherche par l’écriture désespérément de l’autre, beaucoup de « Textes d’Ombre » se présentent comme des dialogues. Personnage de double et personnage double, Ombre est elle-même volontiers dédoublée en « Ombre et Ombre », l’une survivant à l’autre. L’ouvrage est publié chez Ypsilon.éditeur.

Alejandra Pizarnik est une poétesse argentine née au sein d’une famille d’immigrants juifs d’Europe centrale.
Après avoir passé son baccalauréat à Avellaneda, Argentine, elle est admise en 1954 à la faculté de philosophie de l’université de Buenos Aires. Elle abandonne ce cursus pour suivre une formation littéraire avant d’intégrer la faculté de journalisme. Finalement, afin de trouver sa vraie voie et sans avoir achevé aucune des formations qu’elle avait entreprises, elle travaille dans l’atelier de peinture de Juan Batlle Planas.
Entre 1960 et 1964, elle séjourne à Paris où elle travaille comme pigiste pour le journal Cuadernos para la liberación de la cultura. Durant cette période, elle participe à la vie littéraire parisienne, ce qui la conduit à multiplier les rencontres d’écrivains et à se lier d’amitié avec André Pieyre de Mandiargues, Octavio Paz, Julio Cortázar et Rosa Chacel. Au cours de son séjour à Paris, elle suit également des cours à la Sorbonne. Durant les années suivantes, après être rentrée en Argentine, elle publie à Buenos Aires ses ouvrages les plus importants.
En 1968, elle obtient une bourse Guggenheim et fait un bref séjour à New York et à Paris. Après deux tentatives de suicide en 1970 et 1972, elle passe les cinq derniers mois de sa vie à l’hôpital psychiatrique Pirovano de Buenos Aires. Elle se donne la mort le 25 septembre 1972, à l’âge de 36 ans. (Source)
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